Maître François TENAILLEAU, Avocat associé - Cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre

Extrait de la Gazette n°17 - Février 2016 - Propos recueillis par Christophe Farineau et Victoria Goachet

Me François TENAILLEAU

Avocat associé - Cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre

Maître François TENAILLEAU, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

Je suis avocat associé au sein de l’équipe droit public du Cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre. Après des classes préparatoires littéraires (hypokhâgne, khâgne) et une licence d’histoire, ayant pu obtenir des équivalences, j’ai décidé de suivre des étudesde droit. J’ai notamment obtenu une maîtrisede droit public à l’université Paris II Panthéon-Assas avant de décrocher le DESS« Urbanisme, aménagement et travaux publics » de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne dirigépar le Professeur Jean-Paul Gilli. J’ai également mis à profit le temps libre dont je disposais durant mon service militaire pour perfectionner mes connaissances du droit privé et ainsi obtenir une Maîtrise en droit des affaires, toujours deParis II, grâce à l’enseignement à distance.

Pourquoi avoir intégré l’IDPA ?

J’ai été séduit par cette formation quiavait quelques années d’existence pourplusieurs raisons. La première d’entre elles est certainement son directeur, à l’époque Jean-Pierre Boivin, qui était un précurseur enmatière de droit public des affaires et de l’environnement. La formation paraissaitdonc pédagogiquement intéressante. Et cela s’est vérifié !

Le diplôme avait trois autres atouts. En premier lieu, et contrairement aux autres élèves de l’EFB, à l’époque, nous avions la possibilité d’effectuer un stage en cabinet de 6 mois au lieu de 3. Ce délai supplémentaire permettait, sans aucun doute, d’approfondir un peu plus notre expérience. En deuxième lieu, les enseignements étaient ancrés dans la pratique. Nous avions, à titre d’exemple, des enseignements au sein de la Cour administrative d’appel de Paris où, sur la base de vrais dossiers, nous jouions tour à tour les rôles de rapporteur ou de commissaire du gouvernement. Cela nous a permis de constater ce qu’était réellement le travail des magistrats et de mieux comprendre leurs attentes des avocats. L’institut nous enseignait des matières que nous avions déjà étudiées lors de notre cursus universitaire mais avec un aspect tout à fait différent, permettant de faire un pont avec nos futures activités d’avocat publiciste. En dernier lieu, le cercle des avocats issus de l’IDPA constituait un réseau d’anciens très intéressant. C’est toujours le cas aujourd’hui.

Que pensez-vous du marché actuel du droit public ?

Si un ralentissement relatif du marché peut être perçu, il n’est pas spécifique au droit public. L’ensemble du marché des avocats a évidemment été touché par la crise économique qui, s’agissant du secteur public, s’est traduite par des coupes budgétaires et de facto une diminution de certains types de projets. En somme, le ralentissement du marché n’est pour moi que conjoncturel.

Plus généralement, le marché du droit public est en expansion et a vu croître, depuis les années 2000, la création de nombreuses structures spécialisées dans ce domaine. Cette matière est aussi devenue incontournable pour tout cabinet réellement pluridisciplinaire. Il y a une véritable reconnaissance du droit public sous toutes ses formes (commande publique, droitdu secteur public, de la régulation, de l’environnement...) qui répond à unbesoin reconnu. Bien sûr, comme lemétier d’avocat se transforme (rôledes nouvelles technologies ou rôlejoué par des acteurs autres que lesavocats pour les prestations les plus simples, renforcement des services juridiques des entreprises...) celui de l’avocat publiciste aussi !

Pensez-vous que l’internationalisation du métier est une solution ?

Je pense que l’internationalisation se fait naturellement aussi en droit public puisque des sociétés étrangères ou multinationales soumissionnent à des appels d’offres français ou mènent des projets impliquant des problématiques de droit public importantes. N’ayant généralement pas de juristes français, elles recourent logiquement aux services des cabinets d’avocats. Une bonne maitrise de l’anglais peut donc être un atout et il faut songer à s’y former et à pouvoir le démontrer aux futurs recruteurs.

En revanche, je crois qu’il convient d’envisager avec prudence de partir à la conquête de clients dans d’autres pays, mêmes francophones, par exemple dans le domaine des infrastructures, en Afrique ou ailleurs, sans l’appui d’autres praticiens qui connaissent parfaitement le mode de fonctionnement des institutions de ces pays et ce même si le droit qui y est pratiqué paraît proche du droit français.

Quelles sont les qualités que vous jugez essentielles lors d’un recrutement ?

Au-delà de la rigueur juridique et du raisonnement intellectuel qui sont évidemment des qualités essentielles, je suis très attentif à la personnalité du candidat. J’apprécie tout particulièrement qu’il soit curieux, volontaire et dynamique. Les qualités humaines ont une importance fondamentale dans mon choix.

Pour conclure, que souhaiteriez-vous dire aux étudiants de l’IDPA actuellement en recherche de stage ?

Même si le marché du droit public est en expansion depuis 25 ans, il reste un petit milieu. L’image que l’on donne lors des stages est donc primordiale. D’une part, ils peuvent toujours déboucher sur une collaboration alors même que le cabinet n’est pas dans un besoin immédiat de recrutement. Le recrutement n’est pas toujours complètement rationnel, il peut y avoir un vrai coup de cœur. D’autre part, le bouche à oreille joue un rôle considérable. Un stage n’est jamais anodin, donnez le meilleur de vous-même !