Extrait de la Gazette n°16 - Janvier 2016 - Propos recueillis par Simon Dubois
Me Fabrice CASSIN
Avocat associé - CGR Legal
Fabrice Cassin, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?
Je suis juriste en droit public. Après un baccalauréat scientifique au lycée Pierre deFermat à Toulouse, j’ai suivi,parallèlement, les cours de Licence de droit à l’Université Toulouse 1 Capitole et les cours de l’Institut d’études politiques (IEP) de Toulouse.
J’ai poursuivi mes études de droit à Assas à la fois en maîtrise d’Affaires fiscal et de droit public. En 1991, au cours de mon DEA de Droit public approfondi, je suis devenu assistant parlementaire au Sénat puis ai effectué mon service militaire, tout en préparant ma thèse sous la direction de Claude Goyard.
J’ai soutenu ma thèse en décembre1994 : « Le rôle des autorités administratives indépendantes au regard des libertés fondamentales ». Yves Gaudemet, Delvolvé, Jean Morange m’ont confié les travaux dirigés de droit administratif et de libertés publiques. C’est en 1994 que j’ai intégré l’E.F.B. et l’I.D.P.A.
A la sortie, en 1995, je suis devenu collaborateur au sein du cabinet de Jean-Pierre Boivin.
Après cette expérience, j’ai souhaité rejoindre un cabinet anglo-saxon. Je voulais toujours faire du droit public mais à une échelle qui ne se limiterait plus au territoire français, aux clients français.
De 2001 à 2004, j’ai intégré le cabinet américain Oppenheimer Wolff & Donnelly et découvert les fusions acquisitions. C’est ce cabinet qui m’a associé. En 2004, nous avons créé, avec les associés Oppenheimer du bureau de Paris, notre « boutique », comme disent les anglosaxons. CGR Legal est né.
Principalement axé sur l’énergie et l’environnement, le cabinet a choisi d’accompagner l’essor des énergies renouvelables à une époque où la transition énergétique était dans les limbes.
En dix ans, la prise de conscience écologique a eu lieu et la production électrique comme thermique s’est tournée vers les énergies vertes.
L’investissement interne et international en France est devenu significatif en biomasse, photovoltaïque, éolien ou hydraulique. Ce sont nos clients qui ont forgé le cabinet sur une offre de services intégrant corporate et regulatory.
Une autre étape est à franchir en 2016 avec la fusion opérée avec le cabinet LefèvrePelletier & Associés (LPA). Nosdeux cabinets vont devenir un seul et même cabinet doté d’uneforte assise internationale, avecdes bureaux notamment àCasablanca, Guangzhou, Hong-Kong, Munich, Shangai, Tokyo.
La volonté a véritablement été celle d’allier la compétence reconnue de CGR Legal en énergie, avec celle, très reconnue, de LPA en immobilier, cabinets d’affaires. Les cabinets internationaux l’ont bien compris. Aujourd’hui dans chaque bureau parisien, il y a une équipe d’Administrative Law, de PPP, de Public law, ou encore de Regulatory.
Pourquoi avoir intégré l’IDPA ?
L’I.D.P.A. était pour moi la preuve que l’on pouvait être avocat et faire du droit public.
A cette époque, nous ne connaissions que peu d’avocats en droit public. Les élèves avocats qui intégraient le monde de l’entreprise faisaient du droit privé. Quant aux publicistes, ils intégraient l’administration. La notion même de « droit public des affaires » était à ses débuts.
Beaucoup ne le prenait pas au sérieux.
L’I.D.P.A. m’a d’abord attiré en ce qu’il représentait un cursus particulier en droit public au sein de l’E.F.B.
Ensuite, la rencontre avec la pratique de véritables dossiers d’avocat en droit public avec une dimension économique importante ont permis de me convaincre.
Enfin, le droit public est une excellente discipline intellectuelle pour laquelle la jurisprudence est déterminante.
Quels sont, pour vous, les points forts de l’I.D.P.A. ? Et ses points faibles ?
Jean-Pierre Boivin a eu, ce côté visionnaire, de conférer au droit public et au droit de l’environnement une valeur ajoutée en cabinet d’avocats en réunissant un réseau constitué de quelques cabinets.
Et le droit public est désormais un département à part entière des cabinets d’affaires. Les cabinets internationaux l’ont bien compris. Aujourd’hui dans chaque bureau parisien, il y a une équipe d’Administrative Law, de PPP, de
Public law, ou encore de Regulatory.
Sur un marché qui n’est plus concurrentiel, mais « ultraconcurrentiel », le droit public est une niche et permet de se démarquer. L’I.D.P.A. participe de cet avantage pour ses étudiants. Il a toutefois tout intérêt à s’ouvrir à l’international, évidemment à l’anglais.
L’I.D.P.A. doit également veiller à l’insertion de ses élèves dans des cabinets dont le choix, très étroit, doit permettre la meilleure formation possible.
Quel souvenir marquant gardez-vous de l’I.D.P.A. ?
J’ai sincèrement apprécié la qualité de nos cours. Je me souviens en particulier d’un conseiller de cour administrative d’appel de Paris qui apportait certains de ses dossiers de la cour. Nous devions les traiter à la manière d’un rapporteur et rédiger l’arrêt qu’aurait pu rendre la formation de jugement.
Se mettre dans la peau du magistrat et anticiper ses questionnements et raisonnements fait partie intégrante du travail d’avocat ! Nous écrivons pour lui.
Pour conclure, que souhaiteriez-vous dire aux étudiants de l’I.D.P.A. ?
Je leur dirai, comme Danton en 1792 : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » et vous grandirez.
Tout en gardant le souci de la spécialité, il est important de ne jamais s’enfermer, d’avoir le courage, l’audace de l’ouverture. Il faut aller vers des matières nouvelles comme l’électricité.
S’il faut être exigeant pour maîtriser la spécialité qu’est le droit public, c’est également pour se permettre de ne pas s’y enfermer.