Maître Frank LEPRON, Avocat associé - UGGC Avocats

Extrait de la Gazette n°23 - Novembre 2016 - Propos recueillis par Christophe Farineau et Nicolas Keravel

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Me Frank LEPRON

Avocat associé, UGGC Avocats

Maître Franck LEPRON, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, nous exposer votre cursus ?

Parcours d’un publiciste ordinaire : DESS de contentieux public à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, suivi du DEA de droit public économique de l’Université Paris 2 Panthéon -Assas, avant d’intégrer l’IDPA. J’ai alors effectué mon stage au sein du cabinet Landwell dans l’équipe PPP. J’y ai ensuite été recruté comme collaborateur et y suis resté trois années, avant de rejoindre UGGC Avocats. Thierry DAL FARRA, qui avait été mon directeur de mémoire de DEA, y animait une équipe de droit public des affaires déjà réputée. J’en suis devenu l’un des associés en 2011.

Mon parcours est donc le fruit de choix mais également, et surtout, d’opportunités et d’un concours de circonstances. À dire vrai, je crois assez peu aux plans de carrière à long terme. D’ailleurs, pour moi, l’avocature n’a pas été une vocation. J’ai longtemps songé à préparer une thèse à la fin de mon DEA. J’ai bifurqué à la dernière minute... Pour le moment, je ne regrette pas mon choix !

Hormis votre activité d’avocat, avez-vous d’autres activités professionnelles ? Publications, enseignements, formations ?

J’essaie de publier des articles le plus régulièrement possible. Pour l’intérêt intellectuel de l’exercice, mais également car la publication est un moyen d’être visible.

J’anime également un séminaire de contentieux au sein du Master 2 Achat public à l’Université Paris-Sud, et suis membre actif du Club des Acheteurs Publics de l’Af2i (Association française des investisseurs institutionnels).

Pourquoi aviez-vous choisi de suivre la formation de l’IDPA ? Quels souvenirs gardez-vous des enseignements ?

En toute franchise, je garde de l’IDPA un excellent souvenir. L’institut avait déjà à cette époque une très bonne image, celle d’une formation sélective et qualifiante. J’ai le souvenir d’enseignements très pratiques, dispensés par des intervenants de qualité et d’horizons divers (magistrats, avocats ou encore consultants).

Je me souviens, par exemple, du séminaire animé par Jean-Philippe NADAL sur l’achat public, qui offrait une approche originale de la matière – ou encore du séminaire de Maître Jean-Pierre BOIVIN consacré au droit de l’environnement industriel. L’enseignement en droit fiscal par Maître Brigitte VERGILINO était également un incontournable ; j’ai failli prendre goût au contentieux fiscal, c’est dire le tour de force...

Vous êtes spécialisé en droit des marchés publics et montages contractuels complexes. Pourquoi avoir choisi cette spécialisation et pensez-vous que la spécialisation soit indispensable pour les avocats ?

La technicité sans cesse accrue des différentes branches du droit des affaires, au sens large, pousse inévitablement à une ultra-spécialisation. Mais cette spécialisation doit s’appuyer sur une culture juridique générale solide, que ce soit en droit administratif général ou encore en droit des obligations. D’autant qu’il faut aussi savoir parfois investir d’autres champs du droit, en marge de son cœur d’activités traditionnel.

En ce qui me concerne, au-delà de ma formation universitaire, ce sont les structures dans lesquelles j’ai travaillé qui m’ont amené à me spécialiser dans les contrats publics. La matière contractuelle était en plein développement dans les années 2000 et c’est donc logiquement que j’ai travaillé sur des montages complexes durant mes années chez Landwell. Je continue à le faire chez UGGC, avec toutefois une pratique contentieuse plus importante.

Comme je le disais, je pense qu’une carrière est, pour beaucoup, faite d’opportunités et de concours de circonstances. La structure dans laquelle vous évoluez, la nature et les métiers de sa clientèle, les dossiers que vous y traitez...voilà tout ce qui oriente, aussi, votre pratique.

Le droit des contrats publics est-il toujours porteur ? La réforme à laquelle nous assistons constitue-t-elle une aubaine pour les avocats publicistes ?

L’instabilité normative de la commande publique est incontestablement une aubaine pour les avocats du secteur – un peu moins pour les acheteurs publics... C’est la garantie de questionnements constamment renouvelés, d’une adaptation des pratiques, de besoins nouveaux d’accompagnement, etc.

Le marché du droit des contrats publics n’est pas (encore) complètement saturé, même si l’on y trouve de plus en plus de confrères, et alors même qu’on perçoit une contraction des grands projets.

Dans ce contexte, le fait de pouvoir avoir une forte pratique contentieuse, à côté d’une activité de conseil, est à mes yeux un véritable atout. Le contentieux d’exécution des contrats complexes, et notamment des contrats de partenariat, est par exemple en plein développement. Enfin, il ne faut pas hésiter à investir de nouvelles matières ; la régulation, la compliance sont, par exemple, des champs de compétence sur lesquels les publicistes peuvent se positionner.

Pourquoi avoir choisi d’intégrer un cabinet comme UGGC Avocats ?

D’abord parce que Thierry DAL FARRA s’y trouvait et qu’il m’a accordé sa confiance !

Plus sérieusement, UGGC Avocats est pour moi le parfait compromis : tout en restant à taille humaine (je connais le prénom de tous mes associés !), c’est un grand cabinet de droit des affaires, pluridisciplinaire, et avec une vraie culture de la transversalité entre les différents départements.

Et puis, c’est l’un des rares cabinets français à avoir un vrai développement à l’international. Le cabinet dispose de bureaux très dynamiques notamment au Maroc et en Chine.

Y pratique-t-on le droit public ?

Dans un pays comme le Maroc, où de grands projets d’infrastructures se développent, il y a en effet des besoins et donc une activité importante en droit public. Le droit public marocain partage beaucoup de points communs avec le droit public français. Le Maroc a d’ailleurs récemment consacré les contrats de partenariat et dispose également d’une législation sur les délégations de service public et les marchés publics. En revanche, il m’est plus difficile de vous parler du droit public chinois...

Pour quel type de clientèle travaillez-vous ? La mise en concurrence des marchés de prestations juridiques pèse-t-elle sur le choix de celle-ci ?

Notre clientèle est aujourd’hui majoritairement constituée de grands groupes et d’ETI privés. Nous gardons cependant, et historiquement, une clientèle publique forte, composée essentiellement d’établissements publics nationaux et d’agences de l’État.

Concernant les collectivités territoriales, on ne se positionne que rarement sur ce marché, sur lequel il est de plus en plus difficile de rester compétitifs. Par l’effet, notamment, de la mise en concurrence, on assiste aujourd’hui à une baisse tendancielle du niveau des honoraires. Cette réalité n’est pas propre au droit public, mais celui-ci la vit fortement.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune avocat qui entend devenir un jour associé ?

Il n’y a pas de parcours standard, mais néanmoins quelques vérités. Selon moi la patience est essentielle aussi bien avec les clients qu’à l’égard de soi-même et de sa carrière. On ne récolte souvent les fruits de ses investissements que bien plus tard.

Je pense également qu’il existe une prime à la fidélité : il est plus difficile de devenir associé en multipliant les « sauts de puce » entre différents cabinets ; l’affectio societatis suppose de bien connaître les personnes avec qui l’on travaille.

L’autre point important à garder à l’esprit, c’est qu’être associé nécessite d’intégrer une dimension entrepreneuriale : mener des actions de développement, savoir gérer une relation client, entretenir un réseau, manager une équipe, etc. Être un bon juriste ne suffit donc pas.

Pour le reste, chaque cabinet a sa propre politique d’association. Pour ce qui est d’UGGC Avocats, celui-ci a une vraie tradition de croissance interne, la plupart des associés du cabinet étant d’anciens collaborateurs (voire même d’anciens stagiaires). Mais ce modèle ne se retrouve pas partout.

Est-t-il possible pour un jeune collaborateur travaillant au sein d’une structure comme la vôtre de développer sa clientèle ?

Quand on est collaborateur, a fortiori dans une grande structure, votre premier client, c’est le cabinet dans et pour lequel vous travaillez. Ce qui n’est pas incompatible avec le développement d’une clientèle propre, qui peut d’ailleurs constituer la base d’une association.

Un conseil pour la promotion actuelle de l’IDPA ?

Ce qui va être immédiatement très important, c’est votre premier point de chute, à savoir votre lieu de stage. Cette première expérience peut être décisive, car elle peut déboucher sur une première collaboration. Quasiment tous les collaborateurs de notre équipe sont, par exemple, d’anciens stagiaires.

Ensuite, je vous conseille tout simplement de profiter au maximum de cette année, qui sera probablement votre dernière en tant qu’étudiant. Pour ce qui me concerne, mon année à l’IDPA reste sincèrement l’un des meilleurs souvenirs de ma vie étudiante, avec de très belles rencontres. Plusieurs de mes proches sont des anciens de ma promotion.

Enfin, l’IDPA est aussi un réseau qui doit perdurer. La concurrence entre confrères ne doit pas exclure des relations de confiance et d’entraide, qui vous seront précieuses.