Maître Jérôme ROUSSEAU, Avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation - SCP Rousseau & Tapie

Extrait de la Gazette n°14 - Novembre 2015 - Propos recueillis par Ariane Fevrier

Me Jérôme ROUSSEAU

Avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation - SCP Rousseau & Tapie

Maître Jérôme Rousseau, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

J’ai intégré l’IDPA en 1999, qui était à ce moment-là dirigé par Maître Boivin. Une fois cet enseignement théorique achevé, et après un stage de six mois au Bureau Francis Lefebvre, j’ai débuté ma carrière d’avocat par une première collaboration dans un cabinet publiciste au barreau de Paris. J’ai rejoint quelques mois plus tard le cabinet de Me Jean-Alain Blanc, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation (« avocat aux Conseils ») en tant que collaborateur.

J’ai intégré en 2004 l’Institut deformation et de recherche des avocatsaux Conseils et obtenu le CAPAC(certificat d’aptitude à la professiond’avocat aux Conseils) en 2008. En2011, je suis devenu avocat auxConseils dans le cabinet où j’exerçais en tant que collaborateur.

En 2014, mon associé a quitté la profession, et Guillaume Tapie avec lequel je travaillais au sein du cabinet depuis presque quinze ans lui a succédé. Je suis par ailleurs chargé de travaux dirigés en droit administratif à l’IFRAC, pour les avocats collaborateurs qui préparent le CAPAC.

Pourquoi avoir intégré l’IDPA ?

Compte tenu de mon parcours publiciste, il me semblait nécessaire de valoriser cette spécialisation en intégrant l’IDPA dont les enseignements dispensés et le stage de six mois étaient déjà très attractifs et reconnus dans la profession.

Quels souvenirs gardez-vous de l’IDPA ?

Cette formation et le petit nombre d’étudiants sélectionnés nous permettaient de retrouver un véritable esprit de convivialité. Par ailleurs, les enseignements étaient très orientés vers la pratique professionnelle et constituaient une excellente préparation. Je garde notamment un bon souvenir du séminaire de droit fiscal dispensé par Maître Vergilino, qui rendait vivante cette discipline quelque peu aride. J’ai été très heureux de la retrouver au cocktail interpromo du 23 septembre dernier.

L’IDPA a également été pour moi l’occasion des premiers contacts avec la juridiction administrative. En effet, de nombreux enseignements se tenaient au tribunal administratif à la cour administrative d’appel.

A cette époque, désiriez-vous devenir avocat publiciste ?

En deuxième année de droit, j’ai beaucoup apprécié le droit administratif, ce qui n’allait pas de soi car c’est bien souvent une matière qui rebute. J’étais attiré par l’esprit de service public qui l’irrigue, étant à l’époque intéressé par les concours administratifs.

En fin de deuxième cycle, mon intérêt pour le droit public s’est confirmé, mais avec l’envie de le pratiquer dans le cadre d’une profession indépendante plutôt que dans le carcan d’une hiérarchie. L’IDPA était l’aboutissement de ce cheminement.

Selon vous, le droit public est-il en expansion ?

Il y a quinze ans, on trouvait seulement dix ou quinze cabinets spécialisés reconnus en droit public sur la place de Paris. Aujourd’hui, ces cabinets existent toujours et d’autres se sont développés. C’est un secteur dynamique, notamment avec les PPP qui ontapportés un véritable renouveau à la matière.

Le droit public traditionnel et le droit public des affaires sont porteurs pour les jeunes qui ont choisi cette spécialisation.

Avez-vous rencontré des difficultés à la sortie de l’IDPA ?

Non pas du tout. Je n’ai eu qu’à envoyer quelques CV. L’IDPA était un véritablesésame, un bon label. Je pense qu’il l’esttoujours. Les cabinets connaissent bien cette formation. Lorsqu’ils recrutent un diplômé CAPA/IDPA, ils ont bien à l’esprit qu’il s’agit non seulement d’un avocat publiciste mais aussi d’un idépéiste et que par conséquent son parcours est solide.

Quels sont, pour vous, les points forts de l’IDPA ? Et ses points faibles ?

Les points forts de l’IDPA sont selon moi sa sélection, sa formation et son réseau. Ce qui manquait peut être à l’époque, c’était l’existence d’une véritable dynamique idépéiste. Les diplômés intégraient un cabinet et l’IPDA était ensuite derrière eux.

Aujourd’hui, notamment avec l’Association de l’IDPA et le développement par Jean-Marc Peyrical d’un grand réseau de partenaires, il y a une meilleure visibilité pendant la scolarité, avec par exemple la mise en place des Jeudis de l’IDPA, la publication de la Gazette, mais aussi après, avec les rencontres interpromos, etc.

Pour conclure, que souhaiteriez-vous dire aux étudiants de l’IDPA ?

De nombreux litiges sont par essence pluridisciplinaires et même une affaire a priori totalement de droit public peut nécessiter des connaissances et des réflexes de droit privé. Lorsque l’on est confronté à la réalité et à la complexité d’un dossier, on se rend compte que les disciplines ne sont pas cloisonnées. C’est pourquoi les publicistes doivent valoriser leur spécialisation sans délaisser le droit privé.

Pour le reste, les discours pessimistes, on les entendait déjà il y a quinze ans. J’ai bien conscience que la croissance du nombre d’avocats à Paris est exponentielle mais il y a toujours de la place pour des bons professionnels bien formés, à Paris et ailleurs, et il faut que les jeunes qui se donnent les moyens de réussir restent optimistes.