Maître Jacques-Alexandre BOUBOUTOU, Avocat

Extrait de la Gazette n°12 - Septembre 2015 - Propos recueillis par Simon Dubois

Me Jacques-Alexandre BOUBOUTOU

Avocat à la Cour

Jacques-Alexandre, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

J’ai réalisé l’ensemble de mes études de droit à l’Université Paris-Sud (Sceaux). Initialement, je m’orientais davantage vers des fonctions plurielles,embrassant à la fois le droit, l’économie et la gestion. J’envisageraisainsi d’intégrer l’administration, enpréparant plusieurs concours de la haute fonction publique (ENA, Quai d’Orsay, etc.). Je souhaitais également passer le concours de conseiller de tribunal administratif, mais à l’époque, la limite d’âge étant fixée à 25 ans, j’étais trop jeune pour candidater.

Avec l’obtention du CRFPA, je me suis finalement destiné à la profession d’avocat.

Diplômé du Master 1 Droit Public des Affaires de Sceaux, j’ai intégré l’EFB et l’IDPA en 2009. J’ai validé mon PPI en obtenant le Master 2 « Entreprises et Services Publics » de Sceaux, dirigé par l’actuel Directeur de l’IDPA, Jean-Marc Peyrical. Cette formation, partagée avec des étudiants en Economie-Gestion, aété très formatrice en nous permettantd’ouvrir le champ des connaissances etpratiques à des matières nouvelles tellesque le management, les stratégies deperformances, les analyses financières, ou encore la gestion des ressources humaines et le marketing public.

Pourquoi avoir intégré l’IDPA ?

J’ai beaucoup apprécié les formations dirigées par Jean- Marc Peyrical. J’ai donc naturellement été attiré par l’IDPA.

Aussi, ayant consacré mon mémoire de fin d’études au « in house », et ayant une dominante en droit de la commande publique, l’IDPA constituait une formation à la fois complémentaire et valorisante.

Enfin, étant étudiant de Sceaux, je devais m’orienter vers l’HEDAC (école d’avocats de Versailles). Ainsi, en arrivant à l’EFB, je me sentais un peu isolé par rapport aux autres étudiants venant d’universités du ressort de la cour d’appel de Paris. Intégrer l’IDPA a été pour moi l’opportunité d’appartenir à un petit groupe d’étudiants qui se retrouvaient régulièrement, qui travaillaient ensemble. L’IDPA constitue une famille au sein de l’EFB.

Quelles difficultés avez-vous rencontré à la sortie de l’IDPA ?

Aucune! J’ai effectué mon stage final dans le cabinet Grange Martin Ramdenie (GMR). Maître Rajess Ramdenie, en tant qu’ancien étudiant de l’IDPA (Promotion 1992-1993), privilégiait le recrutement d’étudiants IDPA.

Nous étions ainsi quatre stagiaires IDPA au cabinet. Deux ont été recrutés en collaboration, j’en faisais partie.

L’IDPA permet d’échanger des informations, de développer et approfondir un réseau. Je me souviens que nous échangions des tuyaux sur les cabinets, sur les associés, etc.

A la sortie de l’IDPA, pratiquement tous les étudiants avaient obtenu une collaboration.

Quels souvenirs gardez-vous de l’IDPA ?

C’était une super promotion ! Je me souviens que j’étais le plus jeune. J’ai ainsi, d’une certaine manière, été encadré, orienté, conseillé, rassuré par les étudiants dotés d’une plus grande expérience professionnelle.

L’un de mes grands souvenirs reste les coups de sang de Mme Vergilino en droit fiscal, lorsque nous n’avions peu (ou pas) fait notre travail. Elle passait de l’apitoiement à la colère en un instant. C’était une matière difficile, mais elle savait être compréhensive et j’en garde au final un excellent souvenir.

Les intervenants étaient très à l’écoute, et se souciaient sincèrement de notre réussite. Ainsi, à la sortie de l’IDPA, je me souviens avoir pu bénéficier d’une lettre de recommandation de la part de Madame Sylvie Appeche-Otani, magistrat à la Cour administrative d’appel de Paris.

Les meilleurs souvenirs sont aussi ceux en dehors des cours. La formation se déroulant à Bastille, nous ne manquions pas de lieux pour sortir entre étudiants IDPA. Je me souviens de ce bar « La Belle Epoque » où le verre de vin était à trois euros, voire gratuit, car le serveur était amnésique !

Quels sont, pour vous, les points forts de l’IDPA ? Et ses points faibles ?

L’IDPA s’efforce, désormais à travers l’Association, d’entretenir un réseau, un annuaire. Ce tissu de professionnels qui s’allonge année après année représente une force pour l’IDPA et un atout pour ses membres, tant anciens, qu’étudiants.

Les plus anciens doivent toutefois continuer à d’aider les plus jeunes, comme ce fut mon cas.

A mon époque, j’ai pu regretter le manque de formation sur le management des cabinets, de conseils pour créer son cabinet, sur la communication et enfin sur la déontologie de l’avocat publiciste. Mais j’ai appris que ces matières faisaient désormais partie de la formation des élèves avocats, et plus particulièrement des étudiants IDPA, c’est une bonne chose.

Je pense également que l’EFB et l’IDPA devraient insister sur la responsabilité de l’avocat publiciste, en liaison avec l’ordre, au sujet des pratiques qui méconnaissent les règles déontologiques.

Enfin, je considère qu’aujourd’hui, la perspective internationale doit être plus importante dans la formation des avocats de demain. Rien que sur l’aspect linguistique, ne serait-il pas possible de mettre en place à l’IDPA des cours de vocabulaire juridique en langue anglaise ? A l’heure actuelle, les avocats, français et internationaux échangent, communiquent entre eux sur des dossiers.

Quels conseils, quels avertissements donneriez-vous aux élèves-avocats ?

Les étudiants IDPA ne doivent pas avoir des œillères sur leur matière. Ils doivent s’ouvrir aux matières privées, connaître et comprendre la procédure judiciaire, le monde des affaires. C’est un atout considérable.

Le développement de ces compétences passe aussi par la constitution et l’entretien d’un réseau avec les avocats privatistes. Quasiment un tiers des dossiers reçus par un avocat exerçant individuellement proviennent d’autres avocats.

Aussi, il est important de s’ouvrir au monde associatif, culturel, intellectuel, scientifique. Etre avocat ne se suffit pas à soi-même. Le droit public permet d’œuvrer, tant au niveau associatif que politique. La publication d’articles, l’enseignement et la formation, est également important. Je co-anime ainsi un blog juridique en ligne : urbapratique.

Pour conclure, que souhaiteriez-vous dire aux étudiants de l’IDPA ?

Je voudrais souhaiter bonne chance aux étudiants IDPA.

N’écoutez pas les bruits ambiants d’une soi-disant dépression du marché.Vous avez votre place en tant qu’avocat publiciste. Imaginez, captez les demandes, créez les besoins, pour toujours repousser les frontières du droit public.