Maître Sébastien PALMIER, Avocat associé - Palmier & Associés

Extrait de la Gazette n°9 - Avril 2015

Me Sébastien PALMIER

Avocat associé - Cabinet Palmier & Associés

Quelles études avez-vous suivi et en quelle année avez-vous intégré l’IDPA ?

J’ai suivi mes quatre premières années d’études de droit au sein de faculté de Montpellier I. Dès la deuxième année, les étudiants pouvaient suivre un cursus orienté« droit privé » ou « droit public » avec la fameuse « option droit administratif ». Ayant toujours eu une attirance naturelle pour le droit public, c’est cette seconde voie que j’ai choisi en 1993, même si à l’époque tous les professeurs nous faisaient comprendre que cela ne mènerait à pas grand-chose. Comme ils se trompaient...

Le droit public allait prendre à partir de cette année-là une dimension économique sans précédent notamment grâce à la transposition en droit interne du référé précontractuel qui va donner intéresser tous les acteurs économiques.

J’ai ensuite intégré le DESS de Contentieux de droit public en 1995 où j’ai pu suivre les enseignements du feu professeur Pierre-Laurent Frier qui m’a marqué à jamais avec son approche stratégique des cas pratiques.

En 1998, après mon service militaire en qualité de juriste « de droit public » (eh oui) j’ai eu la chance d’intégrer l’IDPA qui a m’a permis de compléter ma formation théorique par une année de formation quasi « professionnelle ».

En quelle année avez-vous prêté serment ?

J’ai prêté serment le 12 janvier 2000 : j’étais ce jour-là le seul publiciste de ma promotion mais déjà de nombreux camarades de promotion de l’IDPA ont demandé l’autorisation de s’absenter de leur cabinet respectif où ils suivaient leur stage pour venir me congratuler. C’est aussi ça l’IDPA, un esprit de bienveillance réciproque qui reste malgré les années et la vie des affaires...

Dans quels cabinets avez-vous ensuite exercé? Quelles compétences de prédilection et dans quels secteurs d’activités ?

Après avoir passé une année dans le cabinet Granrut-Vatier–Baudelot où j’ai traité des dossiers dans tous les domaines du droit public, j’ai intégré le cabinet Frêche & Associés qui était déjà reconnu pour son excellence en droit public des affaires: c’est dans ce cabinet que j’ai vraiment commencé à traiter des dossiers de marchés publics sous la direction d’Alain Frêche et d’Hugues Vignon : rigueur et discipline dans le raisonnement pour un travail de qualité: tels étaient les maîtres mots.Merci à eux car tous les conseils donnés ont été très structurants par la suite! J’ai enfin intégré le cabinet Cabanes & Associés où j’ai continué à travailler la matière des contrats publics avant de m’installer à mon propre compte en 2007.

Vous avez ensuite créé votre propre cabinet. Pourriez-vous développer cette étape de carrière ?

En 2007, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure et de créer mon propre cabinet avec quatre mois de trésorerie d’avance. Je me suis dit : « on y va, on verra bien, si ça ne marche pas, je postulerai dans une autre structure.... ». Un petit bureau de deux pièces à côté de la Tour Montparnasse : un bureau, deux chaises, un téléphone et un photocopieur/fax. Ma besace de clients était bien maigre et j’ai commencé par sous-traiter des dossiers à des Confrères privatistes qui ont appris que je m’installais ... Les quatre mois sont passés sans que je ne m’en aperçoive !

Avez-vous rencontré des difficultés ou au contraire cela a-t-il été facile de développer votre propre activité ?

Créer sa propre structure est une aventure périlleuse mais passionnante. C’est le pari de poursuivre sa passion sans filet de sécurité en totale indépendance : quelle chance !

Les véritables difficultés viennent plutôt des tracasseries administratives pour s’installer le plus rapidement possible : installer sa ligne téléphonique, disposer de son photocopieur, acheter ses propres fournitures, faire sa comptabilité, assurer les relances clients et prendre les bonnes décisions au bon moment.

Avec un brin de folie et une bonne dose de discipline, l’aventure est accessible à tous. Il faut rester humble car elle peut prendre fin à tout moment mais cela vaut le coup d’essayer.

Pensez-vous qu’il est encore possible aujourd'hui de créer son propre cabinet à Paris ? Ne faudrait-il pas se tourner vers la « province » ?

Je pense que l’aventure est accessible à tous que ce soit à Paris et plus encore en Province où la demande est plus forte.

Quels seraient les conseils que vous donneriez à des avocats désireux de suivre cette voie ?

Tout Confrère qui s’est installé à son compte savait qu’il franchirait le pas un jour ou l’autre. C’est une envie qui sommeille en chacun d’entre nous. Le seul obstacle, c’est la peur de l’inconnu. La seule question à se poser est donc « qu’est ce que je risque ? ». Pour ma part, je leur répondrais « pas grand-chose » si ce n’est retourner travailler dans un cabinet d’avocat: «et alors?». Ce n’est absolument pas déshonorant, bien au contraire. Une telle expérience permettra toujours de valoriser son CV que l’on poursuive dans la profession ou que l’on décide d’intégrer le monde de l’entreprise: pourra-t-on sérieusement s’interroger sur votre sens de l’autonomie et votre rigueur en ayant réussi à travailler plus d’un an voir plusieurs années seul ? Je ne le pense pas. Un associé de cabinet sera toujours plus enclin à recruter quelqu’un qui a déjà fait ses preuves et qui acceptera à nouveau de développer pour une autre structure. C’est même pour moi un moyen d’accéder à l’association plus tard.

Que vous a apporté l’IDPA? En quoi cette formation vous a été utile ?

L’IDPA m’a été très utile car c’est une formation « professionnelle » dans tous les sens du terme. On n’y est pas présent simplement pour écouter mais pour échanger et pour partager les conseils avisés des professionnels que nous allons côtoyer quelques mois plus tard : magistrats et confrères confondus. On y travaille des dossiers identiques à ceux que l’on va trouver sur notre bureau les premiers jours de notre première collaboration. Toutes les notes précontentieuses, tous les projets de requêtes et mémoires que nous rédigeons en « simulation » au cours de cette année sont autant de préparation pour être opérationnel le jour J.

Enfin, compte tenu des évolutions que l'IDPA et, plus généralement, le "droit public des affaires" ont connu, quels seraient, pour vous, les aspects que cette formation devrait développer pour les années à venir ?

L’IDPA a aujourd’hui 26 ans : il serait peut-être temps de penser au mariage et qui sait faire des petits....? Il existe bien un sciences PO Paris et des sciences PO de Province tout aussi réputés ? Pourquoi ne pas faire la même chose en gardant la même excellence et en accueillant des étudiants étrangers ? Je pense que ce serait là une des façons de renforcer le rayonnement à l’international : chacun d’entre nous y gagnerait y compris pour le marché du droit public : les entreprises étrangères, les collectivités étrangères qui recruteraient les étudiants « made in France » feraient certainement appel par la suite à des confrères « Idépéistes » si le besoin s’en fait sentir pour traiter certains dossiers.